Dans le cadre du projet AGROFEM, qui promeut l’autonomisation des femmes dans les coopératives agricoles des Îles Canaries et du Sénégal, et en relation avec l’échange d’expériences éducatives entre les étudiants de l’ULL (La Laguna) et Gaston Berger (Saint-Louis, Sénégal), les étudiantes de l’ULL Laura Bethencourt Maguet et Marcela Arias Vega ont voyagé dans les GIE de Ross-Béthio et de Thilène du 24 au 31 janvier 2023.
Les objectifs de ce premier échange de bonnes pratiques entre étudiants des deux universités, dès un point de vue technique, portaient sur les activités que ces étudiants, diplômés en Études Francophones Appliquées, devaient réaliser.
Tout d’abord, elles devaient réaliser une série d’entretiens avec les femmes membres des deux GIE (Groupe d’Intérêt Économique) de la région de Saint-Louis, Ross-Béthio et Thilène, ainsi qu’avec la présidente d’un centre de transformation alimentaire à Balacoss, dans le département de Saint-Louis, sur leurs activités au sein de la coopérative à laquelle elles appartiennent. Les entretiens ont été structurés en différents blocs d’intérêt pour aborder les processus de production et les aspects techniques, comme la structuration du GIE ou de l’UPF, les données de l’exploitation, les informations sur les cultures et les travaux annexes (sélection des semences, semis/plantation, fertilisation, traitements phytosanitaires, récolte, etc.), les processus de transformation dans l’agro-industrie et la commercialisation des produits. De plus, l’entretien se conclut par une section qui approfondit la réalité de la situation sociale de la femme interrogée, les difficultés qu’elle rencontre et la reconnaissance de la valeur de son rôle dans le travail qu’elle effectue.
Connaissance approfondie de l’activité agricole sénégalaise
En ce qui concerne les activités prévues dans le cadre du projet et le travail effectué pendant la visite, il s’agissait d’entretiens structurés avec les membres des coopératives sénégalaises, de la mesure de l’état des sols de culture et des visites chez les présidentes des coopératives dans leurs parcelles respectives, une fois que celles-ci avaient été accordées avec Mme Aminata Sall, la coordonnatrice du projet AgroFem au Sénégal.
Avant de visiter les parcelles, les étudiantes se sont rendues à la Faculté des Sciences Agronomiques de l’Aquaculture et des Technologies Alimentaires, de l’Université Gaston Berger pour faire connaissance de César Bassène, directeur du Département de Production Végétale et d’Agronomie, du directeur de la Faculté des Sciences Agronomiques de l’Aquaculture et des Technologies Alimentaires (S2ATA), Farock Niass, et du Professeur d’Agronomie Ghislain pour réaliser a posteriori avec le matériel nécessaire, déposé dans cette Faculté, la collecte d’échantillons du sol et mesurer son humidité à Ross Béthio, en accord avec la supervision du Professeur Manuel González du Département d’Ingénierie Agronomique et du Milieu Rural de l’ULL.
Une fois les mesures faites, les deux étudiantes se sont dirigées vers la mairie de Ross-Béthio pour rencontrer les femmes en question. Elles y ont été reçues par le responsable de la Communication et des Relations Publiques de la Mairie de Ross-Béthio, M. Cheikou Diaw et le Chef de Cabinet de la Mairie et elles ont présenté le projet AgroFem.
Ensuite, les entretiens ont été réalisés et les données relatives à l’Union des Femmes Producteurs (UFP) de la zone et à son fonctionnement ont été apportées par la présidente Ndeye Gaye. Les femmes interviewées ont été 7 : Nogaye Gueye, Bamby Gaye, Ramatoulaye Hamedine Saw, Fadji Gueye, Fama Niass, Anta Dieye y Aminata Saye.
Etant donné que pour pouvoir produire le rapport technique correspondant, il est nécessaire d’avoir trois mesures de chaque terrain, le professeur González a proposé de changer cela, c’est-à-dire qu’au lieu de prendre les premières mesures à Ross-Béthio et Thlène, les étudiantes ont pris les trois mesures dans les terrains de Ross-Béthio et ensuite l’UGB était chargée d’effectuer les deux autres prises de mesures.
De la terre à la table : comment les agricultrices sénégalaises travaillent à la transformation des aliments qu’elles cultivent
En ce qui concerne le travail de terrain lié aux entretiens, à Thilène, seules 7 des femmes membres du GIE ont pu être interviewées : Khoudia Diop, Adiara Gueye, Adiara Diop, Alimatou Kane, Binta Wade, Fanta Mbaye et Léna Mbaye.
Il y a eu lieu la visite de l’espace « l’usine », leur centre de transformation alimentaire, qui n’a pas encore été mis en fonctionnement, où il a été possible de connaître les machines dont elles disposent : un nettoyeur de riz, qui sépare le grain de la terre et des autres impuretés ; une étouffeuse qui, comme elles leur ont expliqué, transforme le riz « Paddy » (avec la balle) en riz blanc en le faisant bouillir pendant 30 minutes, cuisson qui permet de le décortiquer plus facilement ; un décortiqueur/éplucheur de céréales ; les plaques de séchage des céréales à l’air libre et un moulin.
Une des autres activités a été, suivant les instructions du professeur Gonzalez, d’inonder un des terrains que la présidente de l’UFP de Ross Béthio, Mme Ndeye Gaye a fait, pour essayer de faire deux mesures qui pourraient être prises comme deux échantillons à des jours différents : la première mesure a été faite une heure après l’inondation du terrain et la deuxième deux heures après la prise du premier mesurage.
Avec M. Serin Gaye, ils se sont déplacés vers la parcelle, à l’écart de la route principale, à laquelle elles ont accédé par un chemin très accidenté, en parallèle avec le canal d’eau utilisé pour l’irrigation des champs, eau canalisée depuis le fleuve Sénégal.
Il a été expliqué que les panneaux solaires installés à cet endroit font fonctionner la pompe à eau pour l’irrigation. La parcelle, qui avait été inondée à 7 heures du matin, était cultivée en aubergines, bien qu’il ait été convenu avec la présidente que les mesures devaient être prises sur des terres propres. Le professeur González n’y a vu aucun inconvénient et les étudiantes ont procédé à la prise de mesures.
Les adhérentes de la coopérative témoignent de l’activité des femmes rurales sénégalaises
Au cours de la visite des installations de transformation alimentaire de l’UFP, elles ont eu la possibilité de voir les machines dont se servent les membres de la coopérative et les conditions dans lesquelles ces femmes travaillent. La machinerie avec laquelle elles traitent les céréales et autres denrées alimentaires qu’elles transforment est rudimentaire et fabriquée artisanalement dans le village : un moulin, un séchoir (à gaz) et des plaques pour le séchage des céréales à l’air libre.
Dans la partie finale de leur voyage, les étudiantes ont été accompagnées par Mme Aminata Sall à Balacoss (quartier à Saint-Louis) où elles ont été accueillies par Gnagna Gueye, la présidente du GIE Sant Yalla, qui leur a montré son centre, actuellement en rénovation. Il est composé de plusieurs pièces jointes à la maison où habite Mme Gueye, et qui sont en cours d’adaptation aux besoins de la production. Mme Gueye a expliqué comment se déroule le travail des femmes, généralement du lundi au vendredi, mais aussi le week-end, en fonction des commandes.
Le dernier jour, le matériel utilisé pour les mesures (pénétromètre, sonde d’humidité et jeu de tarières) a été remis aux responsables de l’UFR de Sciences Agronomiques Gaston Berger. Le Professeur Bassène a manifesté son intérêt pour poursuivre les mesures nécessaires permettant la rédaction d’un rapport fiable sur l’état des sols des GIE. L’échantillon de sol du terrain de Ross-Béthio où les premières mesures ont été effectuées a été remis à l’ISRA et devait être récupéré par Mme Sokhna Seck, remplaçante du Professeure Ramatoulaye Ndiaye.
Ce voyage, en dépit du peu de temps dont ont disposé les étudiantes et d’autres difficultés, a été profitable pour atteindre les objectifs du projet AGROFEM dans le cadre de l’échange des étudiantes des deux universités dans le partage des bonnes pratiques.
À propos d’Agro_Fem
Agro_Fem est l’acronyme d’une initiative consacrée à la commercialisation et à la valorisation des produits agricoles des Îles Canaries et du Sénégal par le biais de l’autonomisation des coopératives de femmes de chaque région et de l’échange d’expériences.
Ce projet interrégional se développera pendant quatre ans grâce à un financement européen par le biais du programme Interreg-MAC et vise à promouvoir l’activité des coopératives agricoles de femmes aux Îles Canaries et au Sénégal, à établir des contacts entre les organisations des deux régions et à promouvoir la commercialisation de leurs produits, entre autres actions.
Le Cabildo de Ténérife, l’Université de La Laguna (Ténérife) et l’Université Gaston Berger (Sénégal) sont les partenaires de cette initiative.